Appel à l’action

Depuis le début de l’année et plus particulièrement depuis le mouvement contre la réforme des retraites, une lassitude s’empare des jeunes. Ils se démobilisent, démotivés après ce qu’on peut appeler très objectivement un cuisant échec, notament avec le passage en force de la réforme de l’éducation l’an dernier. Le poids de l’administration, des familles, entraîne une démobilisation énorme. Ceci est très compréhensible, si l’on considère que le gouvernement nous laisse manifester “à notre guise” tout en restant sourd à nos revendications. Evidemment il reste la répression policière, les cours à ne pas rater pour le bac ou les études, mais tout ça ne devrait pas constituer une menace si la jeunesse, en masse, en majorité, se soulevait pour se faire entendre. Pendant les semaines de grève reconductible au mois d’octobre, la mobilisation était importante, mais la preuve en est qu’elle n’a pas suffit. Tant qu’il y aura des gens pour rester chez eux et se taire, pour aller en cours, notre combat manquera d’une part de crédibilité.

Pour ceux qui choisissent de rester à la maison, même si vous êtes conscients comme une grande partie de la population que le système réduit, écrase vos droits, même si vous y pensez, sachez que votre comportement soutient d’une manière ou d’une autre, par votre inaction, le gouvernement dans sa lutte contre les acquis sociaux, même si vous le dénigrez fortement.

Aujourd’hui, un étudiant qui bénéficie de peu de moyens financiers peut rencontrer de plus en plus de problèmes à trouver un logement. L’éducation gratuite et pour tous, serait-ce encore un acquis menacé ? Ensuite, vous avez peut-être remarqué que de moins en moins de médicaments sont remboursés, et que leur prix augmente même pour certains. Nous devrons bientôt nous battre pour conserver la sécurité sociale. Et si l’on ne fait rien, peut être que dans quelques années, les retraités, qui auront un revenu bien plus dérisoire encore que ceux de notre génération, et qui auront pourtant travaillé toute leur vie, ne pourront plus se soigner. La population vivant en dessous du seuil de pauvreté, qui est très nombreuse, vivra encore plus précairement. Seuls ceux qui en ont les moyens pourront vivre décemment et dignement. Les écarts sociaux se creusent, la situation devient intolérable. On parle très justement de génération sacrifiée à propos de notre jeunesse. Qu’attendons-nous pour faire valoir notre parole dans ce pays où la liberté d’expression n’est remise en cause qu’officieusement ? Peut-on être sûrs d’avoir un avenir, dans ce pays où le gouvernement dont les représentants élus ne répondent pas aux besoins du peuple, manipulés par un système qui ne pense qu’en terme de profit ?

N’oubliez pas, la lutte ne se fera pas sans les jeunes. En Grèce, ce sont les jeunes qui se battent contre le plan d’austérité. En Tunisie, en Egypte, en Lybie et bientôt peut-être en Algérie, ce sont les jeunes qui mènent la Révolution et contribuent à renverser le pouvoir qui les écrase en leur faveur.

Nous avons tous des parents inquiets à l’idée que leurs enfants ratent les cours. Nous avons tous un établissement dont l’administration nous afflige pour cause d’absences trop fréquentes. Nous avons, tous, des études ou un bac à réussir, un avenir à assurer. Mais n’oublions pas qu’il y a encore un espoir de faire changer ces réformes destructrices en notre faveur. A condition que la jeunesse entière se soulève et choisisse d’apporter sa voix et sa présence en manifestations. Celles-ci auront du poids lorsque nos dirigeants se rendront compte que tout un peuple proteste, uni pour la même cause.

Ce qui se passe en France actuellement, comme dans de nombreux pays européens, on l’appelle une dictature. Ce gouvernement sourd au peuple n’a plus de démocratique que le nom, il est de notre devoir de faire changer les choses, de remanier le système en notre faveur. De nos jours, l’individualisme empêche chacun de descendre dans la rue s’il n’est pas directement concerné par le problème qui est pourtant devenu d’ordre universel. Ceux qui refusent de le voir sont des obstacles à ce changement de situation.

Chacun, riche ou pauvre, jeune ou moins jeune, politisé ou déçu par la politique dont les représentants véreux mentent sur la situation du pays, chacun a le devoir de se conscientiser par rapport à un système qui détruit les droits de tous et emploie de plus en plus de moyens pour parvenir à ses fins (je pense notament aux répressions policières qui sévissent en manifestations et à tout autre moment).

La lutte ne se fera pas sans ces gens qui doivent choisir de se battre à nos côtés dans la rue plutôt que d’écouter leur administration ou de privilégier quelques heures de cours qui risquent d’être perdues, pour un diplôme qui ne rime plus à rien.

Je ne vous parle pas en tant que jeune communiste. Je ne me bats pas exclusivement au nom d’une organisation politique, mais au nom de ma propre conscience, de mon respect pour les valeurs humaines et pour les droits dont chacun doit bénéficier. L’injustice que subit la majorité du pays me révolte, l’ignorance des jeunes et de la population en générale me révolte. Un ras le bol général se manifeste en toute personne sensée ou non en France. Ne laissons pas cette voix tapie au fond de nous. Réveillons nous pour que tous les hommes naissent et restent égaux comme le défend notre devise, née de la Révolution.

Mélissa.