LEURS SOUS, NOS MORTS : Le Capitalisme Tue, Préparons Un Autre Après !

À l’appel des Jeunes Communistes de la Loire et du Comité Antifa Saint Etienne : Création des Brigades de solidarité – Saint-Étienne

Voilà plusieurs semaines que le monde tourne au ralenti. En France, trois semaines de confinement se sont écoulées. Après les injonctions de Macron à ne renoncer à rien, le ton a changé : restez chez vous. Le télétravail balbutie et un pseudo enseignement à distance s’improvise dans la panique, dans la surcharge de travail surtout, pour les enseignants comme pour les élèves et les parents, accentuant les inégalités sociales et les difficultés scolaires d’une Éducation Nationale déjà si injuste. Les travailleurs précaires sont renvoyés, leurs contrats non-reconduits, sans aucune indemnité de compensation. Les entorses au droit du travail se multiplient. Les incohérences et les mensonges perdurent dans les discours gouvernementaux, tandis que leurs ordonnances attaquent ce qu’il restait de protection pour les travailleurs. Ceux qui sont confinés subissent les premières répercussions financières et psychologiques de l’isolement, et sont soumis à la surveillance et à la répression policière. Pendant ce temps les personnels de santé, les éboueurs, les aides à domicile, les caissiers et tant d’autres travailleurs restent en première ligne. De nombreux smicards sont désormais considérés comme les salariés essentiels qu’ils ont toujours été, mais qu’on n’a jamais voulu rémunérer. Macron les appelle des héros et incite à les applaudir mais il ne fournit à aucun les équipements nécessaires pour se protéger. Il les appelle des héros car il ne voit aucun problème à les laisser mourir en martyrs.

Cela fait des années que le personnel soignant conteste les politiques d’austérité menées par les gouvernements successifs qui ont voulu traiter l’hôpital comme une entreprise et la santé comme un bien spéculatif. Aucune réponse, hormis des matraques et du mépris. Pas faute d’avoir prévenu. «L’État compte les sous, on va compter les morts» : nous y sommes. Notre système social et de santé est en train de s’effondrer sur lui-même. Ou plutôt sur nous-mêmes. Leurs choix politiques nous ont condamnés. Nous n’avons pas de masques mais nous avons les preuves sous le nez. Dans les hôpitaux de la 7ème puissance mondiale en 2020, il y a pénurie de gel et de protections. La destruction de l’hôpital public, la casse de la Sécu et la privatisation de l’industrie sanitaire ont empêché tout dépistage massif, toute fourniture de matériel médical aux soignants, toute protection aux travailleurs exposés, tout moyen à la recherche. Et la mal-nommée «loi d’urgence sanitaire» a surtout donné tout pouvoir pour contourner le code du travail et les statuts de la fonction publique. Semaines de 60 heures, travail le dimanche, réduction du repos compensateur ; la voilà leur urgence. Ils n’apportent aucune réponse à la catastrophe sanitaire et piétinent les demandes des soignants: pas de budget, pas de matériel, pas d’embauche, rien. Rien sur la réquisition d’usines pour fabriquer du matériel médical, rien sur les tests de dépistage, rien sur les loyers et les factures que nous ne pourrons plus payer, rien sur les salariés forcés à poursuivre des productions non-vitales avec les risques que cela implique. Rien pour nous, rien pour les prolos, en bas-là. Rien pour les «gens qui ne sont rien». Mais 300 milliards pour garantir des prêts aux entreprises. Le système économique ou nos vies ; le gouvernement a choisi. Il y a longtemps que le capitalisme détruit et tue, mais cette fois il y a trop de morts en trop peu de temps et trop de preuves que c’était évitable. Dans son escalade au toujours plus, le capitalisme est démuni face à un imprévu ; cette pandémie est l’ultime révélateur de son échec. Le virus, c’est le capital.

La situation actuelle appelle de manière de plus en plus urgente à la résistance organisée et à la lutte pour un nouveau système. Il est désormais clair pour tout le monde qu’une société a besoin de constructions collectives pour fonctionner : des services publics, mais aussi des entreprises publiques. Nous avons besoin d’auto-suffisance alimentaire et de productions utiles, locales et planifiées, respectueuses des travailleurs et de la planète. Nous avons besoin de conditions de travail et de vie dignes et sûres. Le monde qu’ils nous imposent, c’est l’exact inverse : misère financière et sociale généralisée, surveillance et répression, course aux profits, écrasement des plus faibles, injustices, inégalités, exploitation, oppressions, aliénation, mépris de la vie. Nous valons mieux que ça, et dans toute son horreur cette pandémie nous le rappelle. Ils ont détruit nos services publics, vidé les stocks de matériel, supprimé des lits, menti, donné des protections aux bureaux de vote et des moyens aux entreprises plutôt qu’aux hôpitaux. Ils ont sacrifié des vies au nom des économies et des profits. Nous ne l’oublierons pas, nous ne le pardonnerons pas, nous ne les lâcherons pas. Nous pouvons vivre mieux.

Entre ce capitalisme à détruire et un idéal de société à construire, il y a un monde à faire émerger. Nous devons dès à présent construire des solidarités pour tenir et aider à tenir celles et ceux en première ligne, et esquisser ensemble un après possible, un après souhaitable. Un après sans eux. Surtout, pour lutter efficacement il faut lutter ensemble, c’est pourquoi nous proposons dès à présent de coordonner des actions de solidarité à destination des plus exposés et des plus fragilisés. Nous créons dès lors le groupe Facebook Brigades de solidarité – Saint-Étienne, conçu comme une plateforme de communication des besoins par les structures associatives déjà actives sur le terrain, ainsi que de mise en relation des demandes de toute personne dans le besoin et des propositions d’aide de tout volontaire. Courses et livraisons alimentaires, maraudes, assistance administrative, soutien scolaire, collecte et confection de protections à destination du personnel soignant… Oui, nous pouvons respecter les mesures de sécurité sanitaires tout en tissant des liens de solidarité concrète immédiate. Oui, nous pouvons rompre l’isolement sans trahir le confinement. Nous invitons toutes les personnes et toutes les structures qui le souhaitent à prendre contact avec nous via cette plateforme ou par mail (brigades.solidarite@gmail.com) pour s’engager à nos côtés dans ces actions de solidarité urgentes et nécessaires. Par ailleurs, nous appelons d’ores et déjà à ne reprendre ni le travail ni les cours à la sortie du confinement. Il ne doit pas y avoir de retour à la «normale». Nous appelons les stéphanois à une manifestation le jeudi suivant la sortie du confinement et nous attendons des syndicats l’annonce de grèves et de mobilisations partout en France.

À court termes nous revendiquons :

 la suspension immédiate et sans condition des loyers ainsi que des factures d’eau et d’énergie pour les particuliers
– la suspension des remboursements d’emprunt pour consommer ou se loger
– l’encadrement des prix de tous les produits de première nécessité
– la mise en place d’un programme public de distribution à domicile d’aide alimentaire et de matériel de prévention et de sécurité sanitaire
– le déblocage immédiat et sans condition de tous les moyens financiers et matériels demandés par les personnels de santé ainsi que l’embauche de personnel
– l’arrêt du travail et l’indemnisation des livreurs et de tous les salariés des industries non-vitales
– la protection sanitaire, contractuelle et financière des étudiants médicaux et paramédicaux réquisitionnés, l’arrêt du travail pour les autres apprentis et étudiants
– l’arrêt de l’enseignement et de la notation à distance, la validation d’office des examens pour tous les élèves et étudiants inscrits à un parcours de formation
– le maintien de tous les salaires à 100% et une indemnisation à 100% de leur ancien revenu pour tous les privés d’emploi et tous ceux qui ne peuvent plus exercer leur métier
– la suspension des licenciements et le renouvellement de tous les contrats de travail
– la réquisition des logements vacants et le relogement immédiat de toutes les personnes sans domicile fixe ou salubre
– la régularisation des demandeurs d’asile et des immigrés en attente de titre de séjour

A plus long terme :
– la titularisation de tous les personnels contractuels et stagiaires de la fonction publique
– l’abrogation de la réforme des retraites, de la réforme de l’assurance chômage et de toutes les mesures passées pendant le confinement
– la démission du gouvernement, la dissolution de l’Assemblée Nationale, et le jugement des responsables de la gestion catastrophique de cette pandémie
– la refonte et l’extension de la Sécurité Sociale en une seule et unique caisse, couvrant tous les risques de la vie, gérée uniquement par les travailleurs et pour les travailleurs
– le rétablissement et le rehaussement de l’ISF ainsi que la réquisition des fortunes et des biens de tous les exilés fiscaux
– des plans massifs de nationalisations et renationalisations démocratiques des grandes entreprises et entreprises des secteurs clés de l’économie
– la planification et l’orientation de la production ainsi que la redistribution des richesses en fonction des besoins

Aujourd’hui pour aider les innocents,
Demain pour faire payer les responsables,
Ne confinons pas la colère : organisons-la !

Face au Covid-19 et au capitalisme, solidarité et socialisme !