RÉOUVERTURE DES ÉCOLES A PARTIR DU 11 MAI : MESURE AU PROFIT DES ÉLÈVES OU AU SERVICE DU CAPITAL ?

Dans son allocation télévisée du 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé pour le 11 mai prochain la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées, sans en détailler les conditions ou les garanties pour la sécurité et la santé des élèves et des personnels de l’Éducation nationale. Les universités quant à elles ne rouvriraient pas avant l’été.

Pour justifier cette mesure, Macron utilise notamment l’argument de l’inégalité des élèves face à la pratique de l’école à distance. Cette inégalité est bien réelle mais l’argument est hypocrite lorsqu’il est utilisé par le représentant d’un gouvernement qui diminue les moyens financiers de l’Éducation nationale, laisse fermer des classes et des écoles, supprime des postes, précarise toujours plus les personnels, et promeut des réformes qui détruisent le cadre national des diplômes.

Dans le même temps, le président a annoncé que les «lieux rassemblant du public», restaurants, cafés, cinémas, etc. resteraient quant à eux fermés jusqu’à nouvel ordre, et que les grands événements, tels que les festivals, pourraient reprendre seulement à la mi-juillet.

Le président a aussi annoncé que des tests pourraient être proposés, mais uniquement pour les personnes présentant des symptômes du Covid-19.

Enfin le président a insisté une nouvelle fois sur la reprise du travail dans les industries, commerces et services du pays.
Nous sommes aujourd’hui très inquiets par ces annonces qui sont comme d’habitude très floues et pleines de contradictions, mais qui privilégient encore une fois les activités économiques au détriment de la santé de la population.

Nous avons néanmoins des raisons de l’être.
Nous savons aujourd’hui grâce aux scientifiques qu’environ 80% des personnes contaminées au coronavirus présentent une forme bénigne de la maladie, ou ne présentent pas du tout de symptômes.

Nous savons également que sans tests nécessaires fournis à l’ensemble de la population, ces personnes sans symptômes, dites «porteurs sains» ou «porteurs asymptomatiques» ont été jusque là à l’origine de la plupart des cas de contamination, et que les enfants rentrent tout particulièrement dans cette catégorie.

C’est pour ces raisons que les écoles avaient été parmi les premières structures publiques à fermer dans le pays, considérées à juste titre comme des lieux de haute transmission du virus.

Comment imaginer que les personnels et élèves pourraient ainsi reprendre le chemin des écoles le 11 mai prochain, sans avoir été massivement testés sérologiquement au préalable ?

Comment imaginer aussi que toutes les normes sanitaires pourraient être vraiment respectées, comme la distanciation sociale, dans des établissements accueillant plusieurs centaines voire milliers de personnes, dans des classes à souvent plus de 30 élèves, dans les cours de récréation, dans les cantines, dans les internats, dans les transports scolaires, etc, la plupart du temps dans des conditions ou des locaux qui ne peuvent pas s’y prêter.

Dans le département de la Loire, par exemple, au lycée François Mauriac à Andrézieux-Bouthéon, aux lycées Honoré d’Urfé et Claude Fauriel à Saint-Étienne, au lycée Beauregard et au Collège Mario Meunier à Montbrison, ce sont chaque jour plus de 1000 personnes qui circulent dans les mêmes locaux !

Les personnels de l’éducation le savent bien, il serait également extrêmement difficile de faire respecter l’ensemble des consignes sanitaires et des gestes barrières à l’ensemble des élèves, en particulier aux plus jeunes d’entre eux, dans les crèches ou écoles maternelles.
La reprise des cours dans ces conditions pourrait donc contribuer à de nouveaux cas de contaminations et à une deuxième vague épidémique dans le pays.

Si l’on tient compte de la situation chinoise, en particulier à Wuhan, les écoles ont d’ailleurs été les dernières structures publiques à rouvrir. Le Docteur Philippe Klein, directeur de l’hôpital international de Wuhan, a notamment déclaré hier à la presse : «Les écoles, c’est toujours ce qu’on rouvre en dernier, parce que c’est ce qu’on doit fermer en premier.»
Jusqu’ici, le gouvernement a été incapable de gérer cette crise sanitaire et a constamment privilégié les bénéfices des entreprises au détriment des services publics et de la santé de la population, en faisant des cadeaux aux patronat, en maintenant des installations et activités non essentielles aux besoins vitaux, en détricotant les droits des travailleurs et en multipliant les injonctions à retourner au travail, notamment par la voix de la Ministre du Travail, et sous le haut patronage du MEDEF et de la bourgeoisie.

Nous avons donc aujourd’hui de bonnes raisons de croire que cette réouverture programmée des écoles n’est qu’une nouvelle étape dans cette même logique, pour cette fois-ci sommer aux pères et mères de famille, s’occupant jusque-là de la garde de leur(s) enfant(s), de retourner à leur tour sur leur lieu de travail, afin de remplir le lot de travailleurs non-confinés au service du capital.

Le MEDEF ne s’y est d’ailleurs pas trompé en déclarant tout de suite après l’allocution présidentielle : «Nous sommes satisfaits que le président ait fixé un cap pour remettre le pays en marche, parce que c’est le signe que l’épidémie recule grâce au confinement, et cela permet aux entreprises de bien préparer la reprise, et aux enfants de retrouver le chemin de l’école.»

Quelle indignité quand nous savons que l’épidémie de coronavirus en France, loin de ralentir, a encore causé la mort de 574 personnes en 24 heures le 13 avril !
Ce qui compte pour eux, c’est bien la reprise immédiate du travail pour leurs profits, au mépris de la santé et de la vie des travailleurs !

Dans ces circonstances, nous ne pouvons que compter sur la mobilisation des parents d’élèves et des personnels de l’Éducation nationale, via leurs organisations syndicales. Si le gouvernement n’est pas capable de gérer cette crise sanitaire, les travailleurs, eux, le seront, et la Jeunesse Communiste de la Loire sera à leur côté pour les soutenir !
Il faudra en effet une réponse syndicale et politique forte pour organiser la riposte face à ces nouvelles annonces, inconscientes et pleines de danger pour les travailleurs comme pour l’ensemble de la population. Les personnels de l’Éducation nationale, comme tous les autres salariés, ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel de l’économie capitaliste !

Restons prudents et mobilisés !
#NOUSNEPAIERONSPAS!