Internationalisme

Incohérences diplomatiques

(source : lepost.fr)

Chacun a désormais entendu parler de Florence Cassez. Cette jeune Française, condamnée à 60 ans de prison au Mexique pour une sombre affaire de complicité d’enlèvement.

Sur ce dossier on vient de voir du beau monde monter au créneau : Michèle Alliot-Marie qui a parlé d’une « décision inique », Frédéric Mitterrand qui, rappelant que « la France n’abandonne jamais ses ressortissants », a déclaré que « le procès s’était déroulé dans des conditions suspectes ». Quant à Nicolas Sarkozy qui a reçu à 10 reprises les parents de la jeune femme, il demandait son transfèrement en France et voulait lui dédier l’année de Mexique avant que le gouvernement du Mexique ne refuse sèchement et ne se retire des manifestations envisagées dans ce cadre.

On peut comprendre la mobilisation des autorités de l’Etat devant une telle condamnation. On ne peut s’empêcher de faire le rapprochement avec la mobilisation de ces mêmes autorités dans le cas d’un autre Français, Salah Hamouri, lui aussi condamné par un Etat avec qui la France entretient des relations diplomatiques… Israël.

Salah

Et de constater quelques éclairantes différences de comportement. Salah a été condamné par un tribunal militaire d’une force d’occupation, avec un dossier vide. La durée de sa peine a été fixée à 7 ans parce qu’il a accepté, sur le conseil de son avocat, un arrangement pour en éviter le double.

Bernard Kouchner, en son temps, en a conclu qu’il avait reconnu les faits et que lui-même ne pouvait intervenir sur le fond, Salah ayant été jugé par un Etat de droit.

Quant à Michèle Alliot-Marie, elle répondait le 5 janvier à Jean-Claude Lefort (Président de l’Association France-Palestine Solidarité) qu’il « ne (lui) appartient pas d’intervenir ou même de commenter les procédures judiciaires d’un Etat souverain ».

La mère de Salah, malgré ses demandes répétées, n’a jamais été reçue par Nicolas Sarkozy, lequel n’a pas proposé de lui dédier le salon du livre israélien.

Ne parlons pas d’hypocrisie ou de complicité et laissons à chacun le soin de tirer les conclusions qui s’imposent de ce bel exemple d’impartialité de l’Etat.

>> Comité national de soutien à Salah Hamouri << Monique Cerisier ben Guiga, Sénatrice représentant les Français établis hors de France : Lettre au président de la République et Pétition Internet pour Salah Hamouri.

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Révolutions arabes

Tunisie, Egypte, Lybie… Depuis début 2011, on assiste à une drôle de passion des médias occidentaux pour l’actualité dans le “monde arabe”. Les faux-curieux et bien-pensants en tout genre ne veulent surtout pas perdre une miette des événements. Totalement hypocrite ou gravement ironique? Profondémment risible en tout cas. Médias et dirigeants d’Europe comme d’Amérique du Nord ont ignoré ces peuples pendant plusieurs décennies, et aujourd’hui ils sont pris d’un étrange engouement pour ce qui leur arrive. Des révolutions! s’écrient-ils en contemplant le “spectacle”. Mais c’est sans doute qu’ils n’ont pas bien prêté attention aux sages conseils d’Aimé Césaire : « et surtout mon corps aussi bien que mon âme, gardez-vous de vous croiser les bras en l’attitude stérile du spectateur, car la vie n’est pas un spectacle, car une mer de douleurs n’est pas un proscenium, car un homme qui crie n’est pas un ours qui danse ».

Ces mers de douleurs et ces hommes qui crient ont été ignorés trop longtemps (et de nombreux autres le sont encore, comment ne pas évoquer ici la souffrance du peuple palestinien?), et plus qu’ignorés : cautionnés! Quoi, nos dirigeants occidentaux seraient-ils en plein déni? Nous ne pouvons faire l’impasse sur ça. Faut-il rappeler à tous que ces pays étaient jusqu’à ces derniers mois considérés comme de “vieux amis”, des “Etats modérés” dans le monde arabo-musulman? Le vilain mot de “dictature” n’y était-il pas exclusivement réservé à l’Iran (après la destruction de l”effroyable tyrannie” de Saddam Hussein en Irak)? Il y avait donc d’autres dictatures dans cette région? Et nos médias, dans notre “exemplaire démocratie”, nous l’auraient caché?

Il y a finalement quelque chose de malsain et d’indécent à les voir s’extasier chaque jour (et je n’avance là rien d’inconnu : il n’y a plus un JT depuis la Révolution du Jasmin en Tunisie qui ne pose la question “à qui le tour?”, qui ne s’amuse à rayer le nom des dictateurs qui tombent les uns après les autres, faisant reportage sur reportage pour nous montrer “le prix de la liberté” au travers de photos “choc” où l’on voit s’amonceller les corps des opposants de Kadhafi…) alors qu’ils ont fait régner la loi du silence pendant tant d’années sur ce qu’il se passait là-bas. Sarkozy lui même reconnaissait n’avoir pas suffisamment pris en compte “la désespérance et la souffrance du peuple Tunisien”. Depuis 23 ans? Les pays du Nord ont-ils seulement voulu faire l’effort de s’y intéresser? Comme tous les autres grands dirigeants de ce monde, rien d’étonnant à ce que notre cher président ait fait abstraction de l’oppression des peuples… C’est édifiant comme l’argent, les armes et le pétrole peuvent acheter les relations diplomatiques. Voyez plutot, ils avaient l’air de bien s’entendre :

Sarkozy-Ali1 Berlusconi-Ali avec Ben Ali…

Moubarak1 Moubarak2 avec Moubarak…

Kadhafi1 Kadhafi2 et Kadhafi, aussi!

D’autres réflexions s’offrent à nous sur ce sujet. Il y a deux écueils dans lesquels nous devons éviter de basculer. D’abord, un misérabilisme nauséabond qui nous pousserait à réclamer un soutien des forces occidentales dans ces régions du monde ; nous savons pertinemment qu’une intervention étrangère en Lybie (en particulier avec l’OTAN) n’amènerait rien de bon. Nous commetrions une grave erreur en soutenant “l’ingérence démocratique” en Lybie. Pour preuve il suffit de se pencher sur ce que les Etats-Unis ont apporté à l’Irak depuis 2003. J’ai la profonde conviction, malheureusement, que les Egyptiens et les Lybiens ne tarderont pas à se “faire voler” leur révolution. Pour les Tunisiens, gardons espoir, rien n’est encore joué. Par contre, la CIA fera bien rapidement ce qu’elle a à faire en Egypte (avec les résultats qu’on sait. Pinochet n’est pas arrivé seul au pouvoir en 1973), et les forces armées américaines sont déja en train de se déployer pour “venir en aide” aux Lybiens. Et quelle aide! Installer un gouvernement qu’ils auront bien pré-sélectionné, réinstaurer une main-mise des Nords sur le pays, et piller gentimment les ressources en pétrole dont il dispose… En ce sens, on ne peut reprocher à Kadhafi d’avoir prévenu le peuple Lybien de ce qui risque d’arriver avec la venue des occidentaux. Il n’aura pas eu faux sur toute la ligne, c’est déja ça ; nos dirigeants n’auront pas eu ce talent. Le second écueil dans lequel nous devons aussi éviter de tomber est la phobie islamiste. Cette crainte est infondée. Elle sert seulement les gouvernants et médias des Nords (faisant ainsi particulièrement le jeu de l’extrême-droite qui en profite pour nous glisser au passage quelques palabres sur une sorte de “retard chronique” des peuples musulmans). Ils justifient leur main-mise sur les pays arabo-musulmans par la peur du “risque islamiste”. Belle justification! Si seulement elle tenait. Certes, nous entendons parfois des “Allah Akbar” à chaque nouvelle petite victoire des insurgés contre le pouvoir en place, mais a-t-on vu, dans les manifestations tunisiennes comme sur les barricades lybiennes, des intégristes brandir le Coran et réclamer un régime théocratique? Pas une seule fois. Alors que cessent ces excuses, elles ne sont pas valables, et qu’enfin on laisse les peuples décider pour eux-mêmes!

Les Jeunes Communistes de la Loire témoignent tout leur soutien aux Tunisiens, Egyptiens, Lybiens, et autres peuples du monde qui luttent pour la liberté et la justice. Il faut également saluer leur courage, et espérer qu’il inspirera tous les autres opprimés à se soulever pour écrire leur vision de l’avenir sur les pages encore blanches des futurs livres d’Histoire!

Non à une intervention en Lybie

“Les prolétaires n’ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à gagner. Prolétaires de tous les pays, unissez-vous!” K. Marx

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L’onde de choc

L’onde de choc de la liberté et de l’aspiration à la démocratisation et à la justice parcourt le monde arabe. De Tunisie, d’Égypte, d’Algérie, de Jordanie, du Yémen, les jeunesses, les travailleurs, les pauvres sortant des bidonvilles bravent, avec un admirable courage, des dirigeants autocrates, cupides, corrompus, accapareurs, exploiteurs, protégés par des polices armées de balles nord-américaines ou européennes.

En Tunisie et maintenant en Égypte, 
les peuples prennent conscience que leur unité et leur force sont supérieures à celle des régimes 
qui les ont dominés depuis tant d’années. L’arsenal répressif, 
policier, judiciaire, le plus puissant ne peut empêcher 
le renversement des régimes antidémocratiques, autoritaires et dictatoriaux. Nous souhaitons cependant que ce ne soit pas le capitalisme le plus débridé, avec de nouveaux oligarques tout aussi autoritaires, qui soit choisi. 
Derrière le prétexte 
d’une prétendue stabilité de cette partie 
de la planète, il y a la volonté de préserver coûte que coûte un ordre capitaliste qui tire sur les foules. L’intolérable islamisme intégriste leur sert de repoussoir et de justification, alors qu’il trouve son terreau dans une pauvreté qui condamne près de la moitié des Égyptiens à vivre avec moins de deux dollars par jour, sous le joug de régimes autoritaires et militarisés.

La crise mondiale et la spéculation, qui renchérit anormalement les prix alimentaires, auront accéléré le déclenchement des révolutions. 
La stratégie de la peur développée par au moins deux régimes, à Tunis et au Caire, vient de se retourner contre ses dirigeants, qui ne devaient leur salut qu’à des élections truquées et à la complicité des États-Unis 
et des institutions européennes. Ces prétendues « démocraties » occidentales qui auront tout fait pour couvrir ces régimes. Elles n’empêcheront pas les peuples de faire l’histoire. Ceux-ci ne doivent pas non plus 
se laisser impressionner par l’oligarchie capitaliste qui vient, avec ses agences de notation, d’abaisser la note de la Tunisie. Plutôt une dictature protégeant le capital que la liberté, disent-elles. […]

Les humiliations, les dominations, les guerres infligées aux Palestiniens ont leur part aussi dans les mouvements populaires arabes, qui n’en peuvent plus des silences et complicités de leurs gouvernants. Au cœur même de ces révolutions se joue un bras de fer pour sauver le capitalisme. Les États-Unis et les forces de l’argent y sont très actifs. Puissent ces peuples trouver par eux-mêmes, avec leurs organisations syndicales, démocratiques et progressistes, des voies originales de changement et d’émancipation comme l’expérimentent les peuples latino-américains.

L’onde de choc aura de multiples conséquences dans ces pays, mais aussi sur les politiques européenne et mondiale. Elle nous concerne très directement. Nous en sommes solidaires.

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Dimitri, retour de Grèce

Grèce

Pour ne pas répéter ce que l’on sait déjà sur les raisons et le processus économique qui ont amené la « crise » en Grèce je vais me contenter de donner mon point de vue sur la situation que nous vivons au quotidien.

Avant toute explication il est important de retenir une chose, à mon sens primordiale, dans l’analyse de la situation. Les mesures engagées par le gouvernement semblent avoir été programmées bien avant l’intervention du FMI en Grèce, dans l’attente simplement d’un prétexte pour les enclencher. Le simple déroulement des faits donne toutes les raisons de penser qu’un plan avait été préparé et établi depuis plusieurs années, depuis le traité de Lisbonne, voire depuis Maastricht. Les élections anticipées d’octobre dernier apparaissent ainsi comme une simple étape d’un processus pré-établi. Le changement de gouvernement fut dans les faits une passation de pouvoir, du parti Nea-Democratia aux socios-démocrates du PASOK. Tout mène à penser que la classe bourgeoise dirigeante a organisé la prise de pouvoir du PASOK dans un seul et unique but : faire croire au peuple que les mesures prises sont « sociales », du fait qu’elles sont mises en place par un gouvernement « de gauche ».
La Grèce est un des seuls pays d’Europe qui a réussi à limiter la casse de ses acquis sociaux lors des dernières décennies. Ces effets d’annonces qui terrifient le peuple Grec sont une aubaine pour la bourgeoisie, qui s’en sert à présent pour manipuler le peuple Grec et lui faire accepter les pires réformes.

Comment la politique d’austérité nuît directement aux travailleurs :

Le système des salaires en Grèce est très différent du système Français. Environ un tiers du salaire d’un travailleur se compose de primes : primes de Noël, de Pâques, de déplacements, de travail de nuit, treizième ou quatorzième mois, et toutes sortes de petites primes parfois assez insignifiantes. Aujourd’hui, ces primes sont supprimées, et ce depuis plusieurs mois déjà. Une infirmière touchant 900 euros par mois, par exemple, ne touche désormais plus que 680 euros. Un architecte fonctionnaire, touchant 18000 euros sur l’année, perd 6000 euros de primes, soit environ trois mois de salaire.
La situation est catastrophique dans les organismes culturels et associatifs. Les subventions arrivent au compte goutte : pour les établissements les plus instables financièrement, aucune aide ne parvient depuis janvier, et aucun salarié n’a été payé depuis. Les recours prud’homaux sont vains vu le nombre de dossiers en attente de traitement.
Le secteur privé subit également ; les entreprises voient leurs cahiers de commandes se vider, ce qui engendre retards de paiements ou non paiements des salariés, chômage partiel ou licenciements, coupures des primes et compléments de salaires.
Il faut ajouter à ce climat la hausse de la TVA, qui passe désormais à 23% sur le tabac, l’alcool et l’essence (1€82 le litre de sans plomb le vendredi 14 mai, par exemple), le rallongement de la durée des cotisations retraites, la casse du service de sécurité sociale, les licenciements qui commencent à se multiplier et la démolition du code du travail. Si la situation en reste là, le peuple Grec va mourir en payant leur crise.

Pour se donner une idée de la gravité de la situation, il convient de préciser que le coût de la vie en Grèce, depuis le passage à l’euro, avoisine désormais celui de la France. Les factures et loyers demeurent de plus en plus souvent impayés, les prêts bancaires ne sont plus forcément remboursés. Le scepticisme des jeunes pour l’avenir est terrible. Beaucoup espèrent pouvoir partir travailler à l’étranger, sans grandes illusions cependant.

En réduisant les causes de la crise économique à une question de gestion du système, le gouvernement nie ou dissimule la véritable raison : le capitalisme lui-même.

Le premier Ministre Grec Yorgos Papandreou multiplie les appels à « l’union sacrée » mais comment unir les travailleurs qui paient la crise aux capitalistes qui en profitent? Chaque jour le mouvement se renforce. Beaucoup de camarades perdent leur emploi au simple motif qu’ils participent au mouvement de grève (dans cette situation de panique le respect du code du travail est apparemment un terme oublié), mais les communistes se doivent d’être des modèles de combativité : les solutions à la crise existent.
La crainte que nous pouvons avoir est que les peuples d’Europe croient en la propagande capitaliste et que les travailleurs s’accusent entre eux. J’ai ainsi pu assister à certaines discussions préoccupantes, où une mère de famille par exemple accusait l’institutrice de son enfant d’avoir un salaire beaucoup trop élevé, et de participer ainsi à la dette de l’Etat. Pire encore : un jeune employé affirmant que la crise est due au « vol » des emplois par les immigrés qui acceptent de travailler pour des salaires moitié moindre dans un pays ou le travail au noir est plus que courant. Notre rôle en tant que communistes Européens est de faire comprendre au peuple que les responsables de la crise sont les capitalistes, que ce n’est pas à nous de payer leur crise et qu’une alternative à ce système est possible.

Depuis plusieurs mois déjà les grèves s’organisent et le mouvement prend de l’ampleur chaque jour.

Les médias grecs diffusent les scènes de violences comme l’incendie d’une agence de la Marfin banque (trois employés de banque sont tragiquement décédés dans l’incendie, alors même que le responsable de l’agence était pertinemment conscient du caractère potentiellement dangereux de la manifestation, mais avait préféré simplement baisser les rideaux de l’agence, laissant ses employés travailler pendant le passage du cortège des autonomes), stratégie visant évidemment à dissuader les manifestants de participer aux rassemblements, et donc à faire l’impasse sur les revendications populaires.
Ce samedi une grande manifestation nationale à été organisé par le Parti Communiste Grec (KKE) à Athènes. Une manifestation qui fut une démonstration de force du PC grec dont la Première Secrétaire Aleka Papariga a affirmé que les communistes sont prêts à riposter à toutes les attaques à l’encontre du peuple. Un rassemblement qui se voulait internationaliste avec l’accueil de délégations communistes venues de nombreux pays. L’idée d’une action Européenne d’ampleur contre les plans d’austérité imposés par l’Union Européenne et le FMI commence à se préciser.

KKE

Cette année universitaire passée en Grèce me permet d’affirmer que la force révolutionnaire de résistance la plus à même de mener le peuple Grec au combat est le KKE, force politique puissante et très organisée qui a toujours eu -contrairement au Synaspismos signataire de Maastrish- une politique claire, jamais influencée par la social-démocratie.
Sachez également que le peuple grec est très sensible à nos manifestations de soutien en France: il est indispensable de montrer notre solidarité et notre compassion face à l’injustice qu’il subit. La résistance Grecque se doit d’être victorieuse si elle veut donner l’espoir aux peuples d’Europe. Nous vivons aujourd’hui un tournant historique, c’est a notre génération de relever le défi qui se pose a nous. D’ici là, bonne lutte ! Hasta siempre !

Dimitri

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La révolution en Islande?

Aussi incroyable que cela puisse paraître, une révolution démocratique et anticapitaliste a lieu en Islande en ce moment même, et personne n’en parle, aucun média ne relaie l’information, vous n’en trouverez presque pas trace sur « Google »: bref, le black-out total.

Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire.

Pourtant, la nature des évènements en cours en Islande est sidérante : un Peuple qui chasse la droite au pouvoir en assiégeant pacifiquement le palais présidentiel, une « gauche » libérale de remplacement elle aussi évincée des « responsabilités » parce qu’elle entendait mener la même politique que la droite, un référendum imposé par le Peuple pour déterminer s’il fallait rembourser ou pas les banques capitalistes qui ont plongé par leur irresponsabilité le pays dans la crise, une victoire à 93% imposant le non-remboursement des banques, une nationalisation des banques, et, point d’orgue de ce processus par bien des aspects « révolutionnaire » : l’élection d’une assemblée constituante le 27 novembre 2010, chargée d’écrire les nouvelles lois fondamentales qui traduiront dorénavant la colère populaire contre le capitalisme, et les aspirations du Peuple à une autre société.

Alors que gronde dans l’Europe entière la colère des Peuples pris à la gorge par le rouleau-compresseur capitaliste, l’actualité nous dévoile un autre possible, une histoire en marche susceptible de briser bien des certitudes, et surtout de donner aux luttes qui enflamment l’Europe une perspective : la reconquête démocratique et populaire du pouvoir, au service de la population. Depuis le samedi 27 novembre, l’Islande dispose d’une Assemblée constituante composée de 25 simples citoyens élus par leurs pairs. Son but : réécrire entièrement la constitution de 1944 en tirant notamment les leçons de la crise financière qui, en 2008, a frappé le pays de plein fouet.

Source: www.parisseveille.com

Un jour, il y a quelques mois, un anglais passant par Paris, rencontré à la librairie Lady Long Solo, nous alertait sur la révolution en Islande. Quelle révolution ? On n’en entend parler nulle part. Une rapide recherche google ne donne rien du tout, aujourd’hui, ni en associant le mot « révolution », ni même « crise », où l’on ne trouve que des détails sur la crise financière, effectivement à l’origine de cette révolution dans ce pays d’à peine plus de 300 000 habitants, classé au deuxième rang mondial sur l’indice du développement humain, l’IDH, derrière la Norvège, à la veille de la crise de 2008. Confronté alors à la faillite brutale du système bancaire, le peuple était descendu dans la rue. Du jamais vu au pays des jeysers d’eau chaude. La droite avait aussitôt dû céder la place à la gauche. Et, pour commencer, les banques avaient été nationalisées. Notre informateur anglais en avait entendu parler pour les projets législatifs de liberté totale pour internet, tels que des sites anglais pensaient à s’héberger là. Plus encore, il insistait pour parler d’une véritable révolution, sans pouvoir la décrire plus, mais s’étonnant qu’on n’en ait jamais entendu parler. Cherchant alors avec obstination, on a fini par voir des images du palais présidentiel assiégé par la foule. Et on comprenait que le pauvre malheureux flic, tout seul devant le palais présidentiel, ait rapidement dû se rendre sous la pression. Les insurgés, néanmoins pacifiques, n’usaientt que de casseroles et autres objets bruyants, selon la méthode argentine du cacerolazo, qui a su s’avérer très payante aussi là-bas.

Le président avait plié bagage. Un nouveau gouvernement s’était institué. Mais, quelques temps plus tard, celui-ci avait la mauvaise idée de proposer le remboursement de la dette des banques vis-à-vis du Danemark ou de la Grande Bretagne. Le peuple est de nouveau descendu dans la rue. Un référendum sur la question était imposé par volonté populaire, et une petite majorité de 93% rejetait l’accord prévu par les gentils gouvernants. Parmi les informations glanées, une image saisissante de l’agora dans les bains publics chauds, où le peuple s’assemble tous les matins pour débattre de comment refaire le monde.

Consécration de cette révolution, l’élection d’une Assemblée constituante, le 27 novembre 2010, événement peut-être plus considérable que la nuit du 4 août 1789 où était votée l’abolition des privilèges, dont on ne se serait pas aperçu sans la vigilance de Truks en vrac, de notre ami B.Bec, du Gers, relayant le CADTM, ou de Jean-Luc Mélenchon, qui trouve là une similitude avec ses propres thèses constitutionnalistes. Merveille de la désinformation. Un événement aussi considérable qu’une véritable révolution démocratique, telle qu’on n’en a jamais vue en Europe, peut se produire sans que la presse, ni google, ne permettent d’en savoir quoi que ce soit. C’est sûr qu’à l’heure de la consolidation anti-démocratique que vivent la plupart des pays européens, l’exemple islandais ne fait pas vraiment l’affaire de nos régimes policiers, qui montrent là encore leur aptitude à verrouiller rigoureusement la conscience collective. On aimerait assurément en savoir plus sur ce cas islandais… Il faut s’imaginer les 25 « simples citoyens » qui vont plancher sur la constitution idéale. Le souffle de l’humanité devrait se retenir. L’on verra probablement qu’il n’est pas difficile de faire mieux que toutes les figures de pseudo-démocraties qui se sont déclinées jusqu’ici sur les cinq continents.

Depuis cette crise dont elle est loin d’être remise, l’Islande a connu un certain nombre de changements assez spectaculaires, à commencer par la nationalisation des trois principales banques, suivie de la démission du gouvernement de droite sous la pression populaire. Les élections législatives de 2009 ont amené au pouvoir une coalition de gauche formée de l’Alliance (groupement de partis composé des sociaux-démocrates, de féministes et d’ex-communistes) et du Mouvement des Verts de gauche. C’était une première pour l’Islande, tout comme la nomination d’une femme, Johanna Sigurdardottir, au poste de Premier ministre. Très vite, le nouveau gouvernement se trouve face à un problème épineux : le règlement aux Pays-Bas et au Royaume-Uni d’une dette de 3,5 milliards d’euros suite à la faillite d’Icesave, banque en ligne dont les opérations étaient tournées principalement vers ces deux pays. Sous la pression de l’Union européenne, à laquelle les sociaux-démocrates souhaiteraient adhérer, le gouvernement fait voter en janvier 2010 une loi autorisant ce remboursement, ce qui reviendrait, pour chaque Islandais, à débourser pendant huit ans une somme d’environ 100 euros par mois. Mais le président de la République refuse de ratifier la loi, dont le texte est alors soumis à un référendum. À plus de 93%, les Islandais votent contre le remboursement de la dette (6 mars), et depuis le problème reste en suspens.

C’est dans ce contexte que l’Islande décide de modifier sa constitution, qui en fait n’a jamais été vraiment rédigée : lorsqu’en 1944 la république avait été proclamée, on s’était contenté de recopier dans les grandes lignes la constitution du Danemark, pays dont l’Islande dépendait depuis plusieurs décennies. C’est donc une nouvelle constitution qu’il s’agit d’écrire entièrement, et pour cela on a décidé de faire confiance au peuple souverain. Il y a eu d’abord un appel à candidatures (tout le monde pouvait se présenter à l’exception des élus nationaux, à condition d’avoir dix-huit ans révolus et d’être soutenu par au moins trente personnes) auquel ont répondu 522 citoyennes et citoyens. C’est parmi eux qu’ont été élus les 25 constituants. Ces derniers commenceront à se réunir à la mi-février et rendront leur copie avant l’été. Parmi les propositions qui reviennent le plus souvent, on peut noter la séparation de l’Église et de l’État, la nationalisation de l’ensemble des ressources naturelles et une séparation claire des pouvoirs exécutif et législatif. Certes, l’Islande n’est qu’un petit pays d’environ 320 000 habitants. Elle donne cependant là une belle leçon de démocratie aux grands États dont la France : songeons que, dans notre pays, la réforme constitutionnelle de 2008 a été entièrement rédigée à l’Élysée, et que les parlementaires ne l’ont adoptée qu’à deux voix près après avoir été soumis pendant des semaines à des pressions intolérables de la part du chef de l’État…

Source : truks en vracs ; CADTM

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Grande Bretagne et Irlande

GB

Au mois de novembre, plusieurs manifestations contre les plans d’austérité se sont déroulées en Grande-Bretagne et en Irlande. La conséquence des mesures annoncées, c’est de faire payer par les citoyens les pertes provoquées par les spéculateurs et par la politique des gouvernements.

Face aux mesures gouvernementales visant à augmenter les frais d’inscriptions d’ici 2012, des milliers d’étudiants se sont réunis dans les rues de Londres, pour contester cette mesure. Première cible des manifestants, les libéraux démocrates, menés par le vice-premier ministre Nick Clegg, qui s’était engagé à ne rien augmenter. En Grande-Bretagne, c’est en juin que le ministre des Finances, George Osborne, avait dévoilé son projet visant à diminuer le déficit budgétaire en cinq ans. Parmi les mesures d’austérité figure la hausse des droits d’inscriptions à l’université.
Phénomène rare en Angleterre, des milliers d’étudiants ont tenu à exprimer leur colère face à une politique de rigueur, creusant encore plus les inégalités. La loi sera présentée dans quelques jours au Parlement, d’ici là les étudiants ont promis de se faire entendre.

Les étudiants payent les erreurs des banques :
Même pas salariés, les étudiants vont devoir endosser la responsabilité d’un système défaillant. La crise économique et financière internationale a eu un impact conséquent au Royaume-Uni, conduisant le nouveau gouvernement de David Cameron, à lancer une série de mesures.
Les étudiants devront faire face à une hausse des frais d’inscription à l’université dans la totalité des établissements du pays. De plus, les dirigeants de certaines facultés seront libres de multiplier par 3 les frais d’entrée. Les montants pourront être fixés à 6.000 livres maximum, soit 7.000 euros l’année. Dans certains cas exceptionnels, stipule le projet de loi, les facultés auront le droit de taxer les étudiants à hauteur de 9.000 livres, soit plus de 10.000 euros.


Leurs voisins Irlandais également dans les rues

Irlande
[ Les manifestants se sont réunis devant le bâtiment central de la Poste à Dublin]

Plus de 100.000 personnes ont manifesté, samedi 27 novembre à Dublin, contre le programme d’austérité annoncé par le gouvernement de Brian Cowen. « Les Irlandais ont accueilli, furieux, le plan de sauvetage de l’UE et du FMI, finalisé hier à Bruxelles », a expliqué Pierre Barbancey, journaliste à “L’Humanité”.
La tension monte entre les forces de l’ordre et les manifestants. Ces derniers refusent le nouveau plan qui prévoit, d’ici à 2014, 15 milliards d’euros d’économies budgétaires et de hausses d’impôts, soit près de 10% du produit intérieur brut (PIB). De plus, les allocations de chômage et familiales seront réduites, tout comme les retraites des fonctionnaires et le salaire minimum, qui devrait connaître une baisse de 12%.
Face à ces mesures draconiennes, le gouvernement va également supprimer 25.000 emplois publics. Les manifestants se sont dits prêts à se mobiliser, « on ne sait pas ce qui va se passer mais une chose est certaine, on va avoir des problèmes, rien qu’à cause des prêts que chacun a pu contracter pour acheter un logement ou une voiture », a déploré un manifestant.

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Espagne et Portugal

En Espagne …

Espagne

“Succès démocratique” pour les syndicats, mouvement disparate pour le gouvernement… Une grève générale et des centaines de manifestations ont rassemblé les Espagnols mobilisés contre la réforme gouvernementale du marché du travail. Des manifestations rassemblant plusieurs centaines de milliers de personnes ont clôturé le 28 septembre une journée de grève générale – la première en huit ans, mais aussi la première de “l’ère Zapatero” – qui n’a pas paralysé le pays. À l’appel des deux principaux syndicats, les Commissions ouvrières (CCOO) et l’UGT, les Espagnols ont dénoncé la réforme controversée du marché de travail.

En fin de journée, des cortèges importants se sont mis en marche à Madrid et Barcelone, les principales villes du pays. Au total, une centaine de défilés ont été organisés. Plusieurs affrontements entre jeunes et forces de l’ordre ont éclaté, notamment à Barcelone, alors qu’une soixantaine de personnes ont été interpellées dans le pays. “L’atmosphère à Madrid est tendue depuis ce matin, expliquait également Adeline Percept en fin de journée. Des cordons de policiers sont déployés dans toute la ville. Des piquets de grève, essentiellement composés de jeunes précaires et pas forcément de syndicalistes, ont tenté d’empêcher des gens d’aller au travail ou de faire fermer les commerces qui restaient ouverts. Ils étaient suivis par la police, et on a senti la tension monter à mesure que la journée s’écoulait.”

… Mais aussi au Portugal, la révolte gronde !

Portugal

Des milliers de fonctionnaires et salariés du privé se sont rassemblés à Lisbonne, samedi 29 mai, pour participer à une grande manifestation nationale contre les mesures d’austérité annoncées par le gouvernement pour redresser les finances publiques. Fonctionnaires et salariés du privé, venus de différentes régions dans des dizaines de cars, se sont rassemblés en début d’après-midi dans plusieurs points de la capitale avant de défiler ensemble sur la principale artère de Lisbonne.

Les manifestants s’opposent en effet à la cure de rigueur du gouvernement socialiste qui, après avoir annoncé en février un premier programme d’austérité basé essentiellement sur une réduction des dépenses, a présenté en mai de nouvelles mesures dont une hausse généralisée des impôts, la baisse des aides sociales ou encore le gel des embauches des fonctionnaires. “Nous ne voulons pas que la société portugaise tombe dans l’indifférence et se résigne”, a déclaré à l’AFP Manuel Carvalho da Silva, secrétaire général de la CGTP, la principale confédération syndicale, qui a appelé à cette journée d’action. “Nous voulons que les mesures exceptionnelles, telles que la hausse de la TVA ou des impôts sur les revenus des ménages, soient associées à un calendrier et qu’elles s’inscrivent dans une stratégie à long terme”, a-t-il également annoncé. Les mesures d’austérité doivent permettre d’accélérer l’assainissement des finances publiques face au risque d’une contagion de la crise grecque et à l’explosion des taux d’intérêts de la dette, explique le gouvernement portugais qui s’est engagé à ramener son déficit de 9,4% du PIB en 2009 à 4,6% dès 2011 et sous les 3% préconisés par Bruxelles en 2013.

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