Attentats de cet été en Norvège et conséquences, par Méli

oslo

Nous savons tous ce qui s’est passé le 22 juillet en Norvège. Les actions de cet homme, Anders Breivik, ont plongé le pays dans un état semblable a celui des Etats-Unis, au lendemain du 11 septembre 2001. Comme pour les américains, les norvégiens seront marqués pour longtemps par cette date, et n’oublieront pas de si tôt les boulversements infligés à leur pays, leur économie, leurs esprits. Seulement, cette forme de terrorisme est en tout point différente à celui orchestré par Al-Quaïda. Elle en est même sûrement une conséquence.
En effet, depuis cet attentat en 2001, les occidentaux ont entretenu cette peur du terrorisme intégriste, en oubliant que l’extrême droite pourrait, en réaction, vouloir répondre à la violence, ou se donner une meilleure place dans les prises de décisions politiques concernant l’immigration. C’est donc plus généralement contre celle-ci qu’ils se sont insurgés, accusant les communautés musulmanes de ruiner l’économie européenne et les gouvernements de ne pas traiter assez efficacement ce qui leur semblait être une dangereuse menace.
L’idéologie apportée par Breivik comporte une nuance. C’est pourquoi il ne doit absolument pas être traité à la légère, comme “une exception norvégienne”, mais bien comme un criminel politique sérieux, dont les actes sont représentatifs d’une nouvelle vague de pensée, qu’il serait risqué de laisser se déferler sur l’Europe.

Breivik, loin de l’extrémiste de droite traditionnel, rejette l’idée néo-nazie de suprématie raciale. Il ne porte aucune haine à l’Islam, sachant bien que cette position n’aurait récolté qu’un succès relativement faible. S’inspirant de l’English Defence League (ELD) et de la croissance de ses mouvements, il préfère considèrer que “les musulmans ne sont pas biologiquement inférieurs mais culturellement incompatibles” avec la culture occidentale, et que cette incompatibilité entraine un “choc des civilisations”. Ces nouvelles idées ont ceci de menaçant qu’elle peuvent toucher un public plus large : rappelez-vous, par exemple, du débat sensible qui a eu lieu en France à propos du port de la burka…

Maintenant, toute personne se sentant mise en péril par la présence d’une communauté issue de l’immigration dans sa ville, son quartier ou en face de chez elle, pourra se sentir concernée par cette idéologie, et si celle-ci s’étend, la culture de la violence existant au sein de l’extrême droite amènera de plus en plus ce public à penser qu’une action radicale pourra éliminer ce danger. Bien sûr, personne n’aura cette impulsion aussi destructrice qui a poussé Breivik à réaliser son oeuvre, mais pour l’instant, personne ne peut prévoir si les attentats qu’il a perpétué en inspireront d’autres en Europe. La vigilance doit être de rigueur.

Je ne m’oppose pas aux traditions et à la culture européenne dont je suis moi-même imprégnée, mais au conservatisme culturel nationaliste, courant auquel Breivik se dit appartenir. Je tiens les émetteurs de cette pensée pour responsables de la difficulté qui existe parfois à mettre en place une cohabitation pacifique avec les communautés musulmanes, qui plus est parce que celles-ci sont à leur tour entrainées à exprimer un rejet de la culture occidentale. L’espèce humaine évolue, comme elle l’a toujours fait. Nous ne devons pas remettre en cause un changement progressif vers une société à laquelle la mondialisation a apporté le multiculturalisme, avec la richesse que celui-ci apporte, mais l’accepter pour l’amélioration des rapports entre les hommes de toutes les origines.