Mois : septembre 2011

Attentats de cet été en Norvège et conséquences, par Méli

oslo

Nous savons tous ce qui s’est passé le 22 juillet en Norvège. Les actions de cet homme, Anders Breivik, ont plongé le pays dans un état semblable a celui des Etats-Unis, au lendemain du 11 septembre 2001. Comme pour les américains, les norvégiens seront marqués pour longtemps par cette date, et n’oublieront pas de si tôt les boulversements infligés à leur pays, leur économie, leurs esprits. Seulement, cette forme de terrorisme est en tout point différente à celui orchestré par Al-Quaïda. Elle en est même sûrement une conséquence.
En effet, depuis cet attentat en 2001, les occidentaux ont entretenu cette peur du terrorisme intégriste, en oubliant que l’extrême droite pourrait, en réaction, vouloir répondre à la violence, ou se donner une meilleure place dans les prises de décisions politiques concernant l’immigration. C’est donc plus généralement contre celle-ci qu’ils se sont insurgés, accusant les communautés musulmanes de ruiner l’économie européenne et les gouvernements de ne pas traiter assez efficacement ce qui leur semblait être une dangereuse menace.
L’idéologie apportée par Breivik comporte une nuance. C’est pourquoi il ne doit absolument pas être traité à la légère, comme “une exception norvégienne”, mais bien comme un criminel politique sérieux, dont les actes sont représentatifs d’une nouvelle vague de pensée, qu’il serait risqué de laisser se déferler sur l’Europe.

Breivik, loin de l’extrémiste de droite traditionnel, rejette l’idée néo-nazie de suprématie raciale. Il ne porte aucune haine à l’Islam, sachant bien que cette position n’aurait récolté qu’un succès relativement faible. S’inspirant de l’English Defence League (ELD) et de la croissance de ses mouvements, il préfère considèrer que “les musulmans ne sont pas biologiquement inférieurs mais culturellement incompatibles” avec la culture occidentale, et que cette incompatibilité entraine un “choc des civilisations”. Ces nouvelles idées ont ceci de menaçant qu’elle peuvent toucher un public plus large : rappelez-vous, par exemple, du débat sensible qui a eu lieu en France à propos du port de la burka…

Maintenant, toute personne se sentant mise en péril par la présence d’une communauté issue de l’immigration dans sa ville, son quartier ou en face de chez elle, pourra se sentir concernée par cette idéologie, et si celle-ci s’étend, la culture de la violence existant au sein de l’extrême droite amènera de plus en plus ce public à penser qu’une action radicale pourra éliminer ce danger. Bien sûr, personne n’aura cette impulsion aussi destructrice qui a poussé Breivik à réaliser son oeuvre, mais pour l’instant, personne ne peut prévoir si les attentats qu’il a perpétué en inspireront d’autres en Europe. La vigilance doit être de rigueur.

Je ne m’oppose pas aux traditions et à la culture européenne dont je suis moi-même imprégnée, mais au conservatisme culturel nationaliste, courant auquel Breivik se dit appartenir. Je tiens les émetteurs de cette pensée pour responsables de la difficulté qui existe parfois à mettre en place une cohabitation pacifique avec les communautés musulmanes, qui plus est parce que celles-ci sont à leur tour entrainées à exprimer un rejet de la culture occidentale. L’espèce humaine évolue, comme elle l’a toujours fait. Nous ne devons pas remettre en cause un changement progressif vers une société à laquelle la mondialisation a apporté le multiculturalisme, avec la richesse que celui-ci apporte, mais l’accepter pour l’amélioration des rapports entre les hommes de toutes les origines.

Publié par administrateur dans Non classé

Le 11 septembre… et le Chili!


Solidarité avec les étudiants chiliens!

“L’éducation est un droit, pas un privilège !”

Si la mobilisation des étudiants chiliens ne cesse pas d’ici le 11 septembre, date anniversaire du coup d’état de Pinochet en 1973, le gouvernement prévoit de faire intervenir l’armée. En effet, le 11 septembre est une date hautement symbolique pour les étudiants chiliens !

Il y a 38 ans tombait le Chili d’Allende pour laisser la place à celui, autoritaire et ultra-libéral, d’Augusto Pinochet. Le gouvernement putschiste commence par rétablir l’ordre dans les établissements scolaires, notamment en exécutant les professeurs marxistes et apparentés. De même, les étudiants qui se sont engagés auprès de l’Unidad Popular sont réprimés. Le 12 septembre 1973, un décret braque le canon du régime sur la tempe des universitaires : tous les fonctionnaires de l’État sont déclarés intérimaires et les militaires envahissent les campus. Ainsi, l’appareil d’état aux mains de la junte est d’abord utilisé pour briser les résistances.

Cette première offensive permet d’organiser la libéralisation de l’enseignement sans encombres : élimination du fonctionnariat, suppression des écoles normales, charcutage des aides sociales (santé, restauration…). Le processus de restructuration s’achève avec l’autonomie des établissements désormais gérés par les muicipalités. En 1980, un décret permet aux mairies de céder les biens et édifices des organismes publics aux entreprises. La flexibilité devient le maître-mot des universités : chaque établissement développe les programmes qu’il veut vendre au patronat sur le marché de l’éducation. Evidemment, les enseignants sont frappés de plein fouet. Leur statut est liquidé : nombre d’heures, contenus et conditions de travail sont traités au cas par cas.

La population est de moins en moins scolarisée, la sélection sociale pour accéder à l’instruction prend un caractère général et massif, et la condition des enseignants se dégrade considérablement. Leur salaire est divisé par deux au terme des réformes, alors même que dans ce laboratoire de l’ultra-libéralisme où tout s’achète (santé, retraite, éducation), le coût de la vie ne cesse d’augmenter.

Pour la bourgeoisie chilienne, c’est l’El Dorado : l’éducation des travailleurs lui demande un investissement minimal et lui promet une grande rentabilité en termes de main-d’œuvre précaire, désarmée face à l’organisation capitaliste du travail et formée sur deniers publics aux seuls travaux dont se nourrissent les différents bassins d’emploi.

Ces différents éléments indiquent à quel point les intérêts du capital sont partout les mêmes, du Chili putschiste à la France sarkozyste, et quels moyens ses valets sont prêts à mettre en œuvre pour parvenir à leurs fins. Il nous appartient de faire barrage à ces logiques ! Les étudiants communistes français soutiennent la lutte des étudiants chiliens, pour la construction d’une Université émancipatrice et aux services de nos besoins sociaux !

L’UEC

Publié par administrateur dans Non classé

Des jours sombres – André Chassaigne

Article d’André Chassaigne, député PCF du Puy de Dôme, sur l’expulsion d’une famille de Roms dans son village…

Jeudi 1er septembre, 6h30, le petit matin annonçait une belle journée dans notre village de St-Amant-Roche-Savine. Ce sera en fait un jeudi noir. De ces jours où on a mal à la France, celle que l’on aime, faite de luttes et solidarités. Pas celle des sombres heures de notre histoire. Celle de « Ma France » de Jean Ferrat, pas celle de « Nuits et brouillard ».

En partance pour Paris, j’apprends la terrible nouvelle : 6 enfants de 1 à 11 ans tirés du lit, leurs parents et grands-parents sommés d’embarquer dans les véhicules de gendarmerie sans même avoir le temps de ramasser toutes leurs affaires, fruits de la solidarité locale. J’imagine alors les véhicules bleus traversant le bourg, les uniformes se déployant pour l’opération, les coups sur la porte, les yeux des enfants. Et cette frénésie d’éloigner la famille Ajeti-Hasani au plus vite de notre village où s’est construit depuis trois semaines un formidable mouvement de solidarité. Direction : Thiers, à 50 km. Puis une attente de plusieurs heures avant le transfert jusqu’au centre de rétention de Rouen : 6h de bus.

Voilà 3 semaines, cette famille de Roms kosovars avait déjà traversé la France, de Clermont-Ferrand au centre de rétention de Lille, dans l’attente de leur reconduite en Serbie. Puis ils étaient revenus en Auvergne, à la suite d’un jugement du Tribunal Administratif s’opposant à leur enfermement. A la demande de RESF, St-Amant-Roche-Savine, sa population et la Compagnie Jolie Môme avaient ouvert les bras à cette famille interdite de tout centre d’hébergement par décision préfectorale. En attente d’une expulsion, il faut accepter la rétention ou se trouver à la rue !

Depuis, les visages et les yeux des enfants ne nous quittent pas, les échanges avec les parents et grands-parents nous reviennent en tête. L’espoir était tellement vivace. Une décision d’humanité nous semblait à portée de main. Je m’étais engagé à conduire personnellement une démarche de régularisation par un contact direct avec le Préfet. Ce jeudi 1er septembre devait être celui des inscriptions à l’école. Il aura été celui de la mathématique et du verbe sarkoziens : faire du chiffre pour atteindre 30 000 expulsions en 2011, donner des gages au discours xénophobe et raciste.

Pourtant, un arrêt de la Cour de Justice de l’Union Européenne du 28 avril 2011 est sans ambiguïté : « Les Etats membres ne sauraient prévoir une peine privative de liberté pour le seul motif qu’un ressortissant d’un pays tiers continue, après qu’un ordre de quitter le territoire national lui a été notifié, de se trouver présent de manière irrégulière sur le territoire ».

D’autant plus que l’installation de cette famille au cœur du village s’était faite ouvertement, à la vue de tous. L’enfermement en centre de rétention se justifiait d’autant moins que la famille n’était pas cachée, vivant même à quelques dizaines de mètres de la brigade de gendarmerie locale, qui connaissait la situation. Dans l’attente des recours engagés, n’était-il pas légitime que cette famille puisse disposer de conditions d’accueil correctes, dans un environnement favorable et permettant la scolarisation des enfants?

Un jour, les livres d’histoire retraceront sans doute ces pages de notre histoire, même s’ils restent encore trop silencieux sur les exactions de l’Etat français contre les Roms de 1941 à 1944. Peut-être diront-ils que nous n’avons pas assez fait, que nous en sommes restés à l’indignation. Peut-être diront-ils aussi que ce même jour, ce jeudi noir du 1er septembre 2011, la presse économique affichait l’explosion des bénéfices du CAC 40 : 47 milliards de profits au cours des dix derniers mois ! Que ce même jour, ce jeudi noir, le Président Sarkozy négociait un accord attribuant aux pétroliers français 35% de l’or noir libyen à la suite de l’aide apportée à « un peuple en danger de mort ».

Ce même jour aussi, lors d’une réunion de la section locale du PCF de Villejuif dont j’étais l’invité, j’ai échangé avec une famille qui venait d’être expulsée de son logement avec ses quatre enfants. Et à Villejuif, comme à St-Amant, la population a réagi, s’est rassemblée, a manifesté, a pétitionné, et a commencé à construire à partir de sa lutte des alternatives à cette politique qui fait honte à notre pays. Car, au-delà de l’indignation et de nos actions de résistance, n’est-ce pas essentiel pour arracher ce changement que les urnes seules ne nous apporteront pas ?

Ce lundi matin 5 septembre, à 10h, le tribunal administratif de Rouen devait statuer sur le maintien en centre de rétention. Nous nous étions mobilisés, apportant nos témoignages, pour obtenir le retour au village. Mais l’Etat a fait le choix de procéder à l’expulsion avant l’audience. Au petit matin là encore, les enfants, leur mère et la grand-mère ont été transportés par avion privé pour Belgrade, évitant ainsi un passage gênant à Roissy, limité au père et grand-père, reconduits en vol régulier.

Quant au Tribunal Administratif de Rouen, il a condamné ce matin la mesure de rétention : un acte illégal commis par l’Etat… illégal parmi tant d’autres avec un pouvoir qui se permet désormais tous les abus. Aussi, ce soir, il me revient à l’esprit les propos du Secrétaire général de la Préfecture de Clermont-Ferrand me disant, la semaine dernière, qu’étaient hors la loi les élus parrainant des sans-papiers et les maires hébergeant des familles en attente d’expulsion. Sans doute pensait-il même qu’un député de la République perdait toute légitimité en pratiquant ou soutenant de tels actes ?

Du jeudi noir à un lundi noir, les jours sombres se succèdent. Nous ne baisserons pas les bras. Mais au-delà de la colère, l’urgence est bien d’ouvrir le grand chantier du changement de société pour que nous ne vivions plus ces actes cyniques d’un système à bout de souffle.

Publié par administrateur dans Non classé

Des tentes espagnoles à l’Hotel de ville de St-Etienne

Depuis le 15 mai 2011 des dizaines de milliers d’Indignés Espagnols se sont mobilisés dans les rues chaque jour pour exprimer leur ras le bol de la crise, des politiques de rigueur, des problèmes de démocratie qui rongent nos sociétés, etc.

Cela a été le déclencheur d’une multitude de rassemblements internationaux ; les indignés de chaque pays, de chaque ville, ont ressenti le besoin de se joindre à ce mouvement et d’exposer leur mécontentement. Ils ont décidé de lutter parce qu’un autre système devait être mis en place et veulent trouver des alternatives politiques. C’est une nécessité et c’est pourquoi le MJCF affirme son soutien à ce mouvement, et les JC de la Loire étaient ainsi à l’initiative de la création du collectif “Les Indignés Stéphanois” il y a quelques mois.

Aujourd’hui, de nombreux Indignés Espagnols parcourent l’Europe en direction de Bruxelles et de ses institutions pour la semaine du 8 au 15 octobre. Un groupe s’est arrêté à Saint-Etienne le 28 août…

tentes

Les marcheurs étaient une cinquantaine, ils ont été accueillis à l’Hotel de Ville de St-Etienne dans un esprit bon enfant, et toujours selon un concept très alternatif. Beaucoup de questions pratiques leur ont été posées, sur la logitique, sur le temps de marche quotidien.., mais nous déplorons le faible nombre d’interrogations politiques. Tout le risque de ce mouvement est justement de confondre le non-étiquettage et l’apolitisme (nous considérons d’ailleurs que personne n’est vraiment apolitique). Ne pas se déclarer de tel ou tel bord, ne pas brandir tel ou tel drapeau, ne devrait pas empêcher des militants revendiquant une “démocratie réelle” de discuter de politique!

Biensûr nous reconnaissons la beauté du mouvement des Indignés, nous le soutenons, nous y déposons beaucoup d’espoir, mais nous ne pouvons nous empêcher d’y joindre tout de même un peu de doute, d’appréhension. Ils ont créé un nouveau mode de mobilisation, qui force le respect et nous pousse à la réflexion. Mais ce type original de mouvement permet-il plus que d’autres,une large conscientisation du peuple et qu’en est-il de son poids effectif dans le rapport de force avec les gouvernements et les financiers de ce monde? Nous doutons qu’une “large conscientisation du peuple” soit possible sans organisation, et nous nous interrogeons sur la portée de ce mouvement, du moins en ce qui concerne notre pays : il semblerait que les français restent plus attachés aux traditionnelles manifestations comme celles de l’automne dernier et que le mouvement des Indignés ne rencontre pas un vif succès ici. Dès lors, il est difficile d’envisager une mobilisation efficace en France, dans ce pays où l’on ne compte actuellement que quelques milliers d’Indignés (pacifistes, ne bloquant aucun secteur de l’économie, ne faisant pas grève) et où les 3.5 millions de français mobilisés l’an dernier (avec des grèves, blocages, manifs, actions coups de poing) n’ont pas fait reculer le gouvernement… Le modèle “Indignados” ne serait-il pas transposable?

Le débat reste ouvert, vos commentaires sont les bienvenus!

Publié par administrateur dans Non classé