Mois : avril 2020

RÉOUVERTURE DES ÉCOLES A PARTIR DU 11 MAI : MESURE AU PROFIT DES ÉLÈVES OU AU SERVICE DU CAPITAL ?

Dans son allocation télévisée du 13 avril, Emmanuel Macron a annoncé pour le 11 mai prochain la réouverture progressive des crèches, écoles, collèges et lycées, sans en détailler les conditions ou les garanties pour la sécurité et la santé des élèves et des personnels de l’Éducation nationale. Les universités quant à elles ne rouvriraient pas avant l’été.

Pour justifier cette mesure, Macron utilise notamment l’argument de l’inégalité des élèves face à la pratique de l’école à distance. Cette inégalité est bien réelle mais l’argument est hypocrite lorsqu’il est utilisé par le représentant d’un gouvernement qui diminue les moyens financiers de l’Éducation nationale, laisse fermer des classes et des écoles, supprime des postes, précarise toujours plus les personnels, et promeut des réformes qui détruisent le cadre national des diplômes.

Dans le même temps, le président a annoncé que les «lieux rassemblant du public», restaurants, cafés, cinémas, etc. resteraient quant à eux fermés jusqu’à nouvel ordre, et que les grands événements, tels que les festivals, pourraient reprendre seulement à la mi-juillet.

Le président a aussi annoncé que des tests pourraient être proposés, mais uniquement pour les personnes présentant des symptômes du Covid-19.

Enfin le président a insisté une nouvelle fois sur la reprise du travail dans les industries, commerces et services du pays.
Nous sommes aujourd’hui très inquiets par ces annonces qui sont comme d’habitude très floues et pleines de contradictions, mais qui privilégient encore une fois les activités économiques au détriment de la santé de la population.

Nous avons néanmoins des raisons de l’être.
Nous savons aujourd’hui grâce aux scientifiques qu’environ 80% des personnes contaminées au coronavirus présentent une forme bénigne de la maladie, ou ne présentent pas du tout de symptômes.

Nous savons également que sans tests nécessaires fournis à l’ensemble de la population, ces personnes sans symptômes, dites «porteurs sains» ou «porteurs asymptomatiques» ont été jusque là à l’origine de la plupart des cas de contamination, et que les enfants rentrent tout particulièrement dans cette catégorie.

C’est pour ces raisons que les écoles avaient été parmi les premières structures publiques à fermer dans le pays, considérées à juste titre comme des lieux de haute transmission du virus.

Comment imaginer que les personnels et élèves pourraient ainsi reprendre le chemin des écoles le 11 mai prochain, sans avoir été massivement testés sérologiquement au préalable ?

Comment imaginer aussi que toutes les normes sanitaires pourraient être vraiment respectées, comme la distanciation sociale, dans des établissements accueillant plusieurs centaines voire milliers de personnes, dans des classes à souvent plus de 30 élèves, dans les cours de récréation, dans les cantines, dans les internats, dans les transports scolaires, etc, la plupart du temps dans des conditions ou des locaux qui ne peuvent pas s’y prêter.

Dans le département de la Loire, par exemple, au lycée François Mauriac à Andrézieux-Bouthéon, aux lycées Honoré d’Urfé et Claude Fauriel à Saint-Étienne, au lycée Beauregard et au Collège Mario Meunier à Montbrison, ce sont chaque jour plus de 1000 personnes qui circulent dans les mêmes locaux !

Les personnels de l’éducation le savent bien, il serait également extrêmement difficile de faire respecter l’ensemble des consignes sanitaires et des gestes barrières à l’ensemble des élèves, en particulier aux plus jeunes d’entre eux, dans les crèches ou écoles maternelles.
La reprise des cours dans ces conditions pourrait donc contribuer à de nouveaux cas de contaminations et à une deuxième vague épidémique dans le pays.

Si l’on tient compte de la situation chinoise, en particulier à Wuhan, les écoles ont d’ailleurs été les dernières structures publiques à rouvrir. Le Docteur Philippe Klein, directeur de l’hôpital international de Wuhan, a notamment déclaré hier à la presse : «Les écoles, c’est toujours ce qu’on rouvre en dernier, parce que c’est ce qu’on doit fermer en premier.»
Jusqu’ici, le gouvernement a été incapable de gérer cette crise sanitaire et a constamment privilégié les bénéfices des entreprises au détriment des services publics et de la santé de la population, en faisant des cadeaux aux patronat, en maintenant des installations et activités non essentielles aux besoins vitaux, en détricotant les droits des travailleurs et en multipliant les injonctions à retourner au travail, notamment par la voix de la Ministre du Travail, et sous le haut patronage du MEDEF et de la bourgeoisie.

Nous avons donc aujourd’hui de bonnes raisons de croire que cette réouverture programmée des écoles n’est qu’une nouvelle étape dans cette même logique, pour cette fois-ci sommer aux pères et mères de famille, s’occupant jusque-là de la garde de leur(s) enfant(s), de retourner à leur tour sur leur lieu de travail, afin de remplir le lot de travailleurs non-confinés au service du capital.

Le MEDEF ne s’y est d’ailleurs pas trompé en déclarant tout de suite après l’allocution présidentielle : «Nous sommes satisfaits que le président ait fixé un cap pour remettre le pays en marche, parce que c’est le signe que l’épidémie recule grâce au confinement, et cela permet aux entreprises de bien préparer la reprise, et aux enfants de retrouver le chemin de l’école.»

Quelle indignité quand nous savons que l’épidémie de coronavirus en France, loin de ralentir, a encore causé la mort de 574 personnes en 24 heures le 13 avril !
Ce qui compte pour eux, c’est bien la reprise immédiate du travail pour leurs profits, au mépris de la santé et de la vie des travailleurs !

Dans ces circonstances, nous ne pouvons que compter sur la mobilisation des parents d’élèves et des personnels de l’Éducation nationale, via leurs organisations syndicales. Si le gouvernement n’est pas capable de gérer cette crise sanitaire, les travailleurs, eux, le seront, et la Jeunesse Communiste de la Loire sera à leur côté pour les soutenir !
Il faudra en effet une réponse syndicale et politique forte pour organiser la riposte face à ces nouvelles annonces, inconscientes et pleines de danger pour les travailleurs comme pour l’ensemble de la population. Les personnels de l’Éducation nationale, comme tous les autres salariés, ne doivent pas être sacrifiés sur l’autel de l’économie capitaliste !

Restons prudents et mobilisés !
#NOUSNEPAIERONSPAS!

Publié par JC42 dans Non classé

LEURS SOUS, NOS MORTS : Le Capitalisme Tue, Préparons Un Autre Après !

À l’appel des Jeunes Communistes de la Loire et du Comité Antifa Saint Etienne : Création des Brigades de solidarité – Saint-Étienne

Voilà plusieurs semaines que le monde tourne au ralenti. En France, trois semaines de confinement se sont écoulées. Après les injonctions de Macron à ne renoncer à rien, le ton a changé : restez chez vous. Le télétravail balbutie et un pseudo enseignement à distance s’improvise dans la panique, dans la surcharge de travail surtout, pour les enseignants comme pour les élèves et les parents, accentuant les inégalités sociales et les difficultés scolaires d’une Éducation Nationale déjà si injuste. Les travailleurs précaires sont renvoyés, leurs contrats non-reconduits, sans aucune indemnité de compensation. Les entorses au droit du travail se multiplient. Les incohérences et les mensonges perdurent dans les discours gouvernementaux, tandis que leurs ordonnances attaquent ce qu’il restait de protection pour les travailleurs. Ceux qui sont confinés subissent les premières répercussions financières et psychologiques de l’isolement, et sont soumis à la surveillance et à la répression policière. Pendant ce temps les personnels de santé, les éboueurs, les aides à domicile, les caissiers et tant d’autres travailleurs restent en première ligne. De nombreux smicards sont désormais considérés comme les salariés essentiels qu’ils ont toujours été, mais qu’on n’a jamais voulu rémunérer. Macron les appelle des héros et incite à les applaudir mais il ne fournit à aucun les équipements nécessaires pour se protéger. Il les appelle des héros car il ne voit aucun problème à les laisser mourir en martyrs.

Cela fait des années que le personnel soignant conteste les politiques d’austérité menées par les gouvernements successifs qui ont voulu traiter l’hôpital comme une entreprise et la santé comme un bien spéculatif. Aucune réponse, hormis des matraques et du mépris. Pas faute d’avoir prévenu. «L’État compte les sous, on va compter les morts» : nous y sommes. Notre système social et de santé est en train de s’effondrer sur lui-même. Ou plutôt sur nous-mêmes. Leurs choix politiques nous ont condamnés. Nous n’avons pas de masques mais nous avons les preuves sous le nez. Dans les hôpitaux de la 7ème puissance mondiale en 2020, il y a pénurie de gel et de protections. La destruction de l’hôpital public, la casse de la Sécu et la privatisation de l’industrie sanitaire ont empêché tout dépistage massif, toute fourniture de matériel médical aux soignants, toute protection aux travailleurs exposés, tout moyen à la recherche. Et la mal-nommée «loi d’urgence sanitaire» a surtout donné tout pouvoir pour contourner le code du travail et les statuts de la fonction publique. Semaines de 60 heures, travail le dimanche, réduction du repos compensateur ; la voilà leur urgence. Ils n’apportent aucune réponse à la catastrophe sanitaire et piétinent les demandes des soignants: pas de budget, pas de matériel, pas d’embauche, rien. Rien sur la réquisition d’usines pour fabriquer du matériel médical, rien sur les tests de dépistage, rien sur les loyers et les factures que nous ne pourrons plus payer, rien sur les salariés forcés à poursuivre des productions non-vitales avec les risques que cela implique. Rien pour nous, rien pour les prolos, en bas-là. Rien pour les «gens qui ne sont rien». Mais 300 milliards pour garantir des prêts aux entreprises. Le système économique ou nos vies ; le gouvernement a choisi. Il y a longtemps que le capitalisme détruit et tue, mais cette fois il y a trop de morts en trop peu de temps et trop de preuves que c’était évitable. Dans son escalade au toujours plus, le capitalisme est démuni face à un imprévu ; cette pandémie est l’ultime révélateur de son échec. Le virus, c’est le capital.

La situation actuelle appelle de manière de plus en plus urgente à la résistance organisée et à la lutte pour un nouveau système. Il est désormais clair pour tout le monde qu’une société a besoin de constructions collectives pour fonctionner : des services publics, mais aussi des entreprises publiques. Nous avons besoin d’auto-suffisance alimentaire et de productions utiles, locales et planifiées, respectueuses des travailleurs et de la planète. Nous avons besoin de conditions de travail et de vie dignes et sûres. Le monde qu’ils nous imposent, c’est l’exact inverse : misère financière et sociale généralisée, surveillance et répression, course aux profits, écrasement des plus faibles, injustices, inégalités, exploitation, oppressions, aliénation, mépris de la vie. Nous valons mieux que ça, et dans toute son horreur cette pandémie nous le rappelle. Ils ont détruit nos services publics, vidé les stocks de matériel, supprimé des lits, menti, donné des protections aux bureaux de vote et des moyens aux entreprises plutôt qu’aux hôpitaux. Ils ont sacrifié des vies au nom des économies et des profits. Nous ne l’oublierons pas, nous ne le pardonnerons pas, nous ne les lâcherons pas. Nous pouvons vivre mieux.

Entre ce capitalisme à détruire et un idéal de société à construire, il y a un monde à faire émerger. Nous devons dès à présent construire des solidarités pour tenir et aider à tenir celles et ceux en première ligne, et esquisser ensemble un après possible, un après souhaitable. Un après sans eux. Surtout, pour lutter efficacement il faut lutter ensemble, c’est pourquoi nous proposons dès à présent de coordonner des actions de solidarité à destination des plus exposés et des plus fragilisés. Nous créons dès lors le groupe Facebook Brigades de solidarité – Saint-Étienne, conçu comme une plateforme de communication des besoins par les structures associatives déjà actives sur le terrain, ainsi que de mise en relation des demandes de toute personne dans le besoin et des propositions d’aide de tout volontaire. Courses et livraisons alimentaires, maraudes, assistance administrative, soutien scolaire, collecte et confection de protections à destination du personnel soignant… Oui, nous pouvons respecter les mesures de sécurité sanitaires tout en tissant des liens de solidarité concrète immédiate. Oui, nous pouvons rompre l’isolement sans trahir le confinement. Nous invitons toutes les personnes et toutes les structures qui le souhaitent à prendre contact avec nous via cette plateforme ou par mail (brigades.solidarite@gmail.com) pour s’engager à nos côtés dans ces actions de solidarité urgentes et nécessaires. Par ailleurs, nous appelons d’ores et déjà à ne reprendre ni le travail ni les cours à la sortie du confinement. Il ne doit pas y avoir de retour à la «normale». Nous appelons les stéphanois à une manifestation le jeudi suivant la sortie du confinement et nous attendons des syndicats l’annonce de grèves et de mobilisations partout en France.

À court termes nous revendiquons :

 la suspension immédiate et sans condition des loyers ainsi que des factures d’eau et d’énergie pour les particuliers
– la suspension des remboursements d’emprunt pour consommer ou se loger
– l’encadrement des prix de tous les produits de première nécessité
– la mise en place d’un programme public de distribution à domicile d’aide alimentaire et de matériel de prévention et de sécurité sanitaire
– le déblocage immédiat et sans condition de tous les moyens financiers et matériels demandés par les personnels de santé ainsi que l’embauche de personnel
– l’arrêt du travail et l’indemnisation des livreurs et de tous les salariés des industries non-vitales
– la protection sanitaire, contractuelle et financière des étudiants médicaux et paramédicaux réquisitionnés, l’arrêt du travail pour les autres apprentis et étudiants
– l’arrêt de l’enseignement et de la notation à distance, la validation d’office des examens pour tous les élèves et étudiants inscrits à un parcours de formation
– le maintien de tous les salaires à 100% et une indemnisation à 100% de leur ancien revenu pour tous les privés d’emploi et tous ceux qui ne peuvent plus exercer leur métier
– la suspension des licenciements et le renouvellement de tous les contrats de travail
– la réquisition des logements vacants et le relogement immédiat de toutes les personnes sans domicile fixe ou salubre
– la régularisation des demandeurs d’asile et des immigrés en attente de titre de séjour

A plus long terme :
– la titularisation de tous les personnels contractuels et stagiaires de la fonction publique
– l’abrogation de la réforme des retraites, de la réforme de l’assurance chômage et de toutes les mesures passées pendant le confinement
– la démission du gouvernement, la dissolution de l’Assemblée Nationale, et le jugement des responsables de la gestion catastrophique de cette pandémie
– la refonte et l’extension de la Sécurité Sociale en une seule et unique caisse, couvrant tous les risques de la vie, gérée uniquement par les travailleurs et pour les travailleurs
– le rétablissement et le rehaussement de l’ISF ainsi que la réquisition des fortunes et des biens de tous les exilés fiscaux
– des plans massifs de nationalisations et renationalisations démocratiques des grandes entreprises et entreprises des secteurs clés de l’économie
– la planification et l’orientation de la production ainsi que la redistribution des richesses en fonction des besoins

Aujourd’hui pour aider les innocents,
Demain pour faire payer les responsables,
Ne confinons pas la colère : organisons-la !

Face au Covid-19 et au capitalisme, solidarité et socialisme !

Publié par JC42 dans Actualités, Communiqués

LA JEUNESSE COMMUNISTE DE LA LOIRE CONDAMNE L’ATTITUDE IRRESPONSABLE DU FONDATEUR DU GROUPE SNF ET APPORTE SON SOUTIEN AUX SALARIÉS AINSI QU’AU SYNDICAT CGT SNF DE L’ENTREPRISE

 C’est avec stupeur que nous avons appris ces derniers jours dans la presse locale, que René Pich, fondateur et directeur général délégué de SNF, entreprise spécialisée dans le traitement des eaux à Andrézieux-Bouthéon, avait publié un communiqué interne à l’entreprise, informant qu’il avait importé de la chloroquine d’Inde, qui pouvait éventuellement être distribuée aux cadres de l’entreprise, en cas de contamination au Covid-19. Il est à noter d’ailleurs que Réné Pich avait agit en catimini, en n’envoyant cette note interne qu’aux cadres de l’entreprise et non à tous les salariés, mais fort heureusement le syndicat CGT a pu se la procurer avant de la dénoncer publiquement.

Au delà du débat actuel qui existe sur l’efficacité ou non de ce médicament, il nous parait totalement inouï et inconscient qu’un patron puisse ainsi jouer les apprentis-sorciers et pratiquer illégalement l’exercice de la médecine et de la pharmacie, mettant en danger la vie de ses salariés. D’autant que nous savons que la pratique de l’auto-médication, sans aucun avis médical et sans prescription de la part d’un médecin, a déjà causé des morts dans notre pays. Le fait que ces médicaments viennent illégalement d’Inde, via une commande internet, et qu’ils n’aient été soumis à aucun contrôle par les autorités de santé, ajoute à l’irresponsabilité de René Pich.

Dans ce contexte, nous saluons les organisations syndicales, et en particulier la CGT, qui par leur vigilance et leur réactivité ont permis de dénoncer cette pratique qui aurait pu s’avérer très dangereuse pour les salariés de l’entreprise. Depuis plusieurs mois et en particulier depuis le début de la crise sanitaire, le syndicat CGT SNF travaille d’ailleurs d’arrache-pied pour dénoncer les manquements aux conditions d’hygiène et de sécurité dans l’entreprise, ainsi que l’absence totale de dialogue social avec la direction et son mépris des salariés.

Ces derniers mois, Réné Pich avait notamment déjà fait parler de lui et s’était illustré par son mépris du danger, n’hésitant pas, en pleine crise sanitaire, à comparer les salariés qui souhaitaient rester confinés à des “rats”, à travers une autre note interne à l’entreprise.

À SNF et dans chaque entreprise, en France et dans le monde, toutes les mesures doivent être prises dès maintenant pour protéger la santé des salariés, en particulier l’arrêt immédiat de l’ensemble des installations et activités non essentielles aux besoins vitaux ! Les travailleurs n’ont pas à mettre leur vie en danger pour les profits capitalistes d’une bande d’exploiteurs !

Publié par JC42 dans Actualités, Communiqués

Tribune : CONFINEMENT, PSYCHIATRIE ET VALIDISME DES SOCIÉTÉS CAPITALISTES

Tribune rédigée par une de nos camarades, exposant son vécu et son ressenti du confinement.
CONFINEMENT, PSYCHIATRIE ET VALIDISME DES SOCIÉTÉS CAPITALISTES
C‘était quelque chose que nous avions anticipé avec beaucoup de crainte, nous autres dépressifs, drogués, psychotiques  et autres malades mentaux. Le confinement. L’isolement plus ou moins total.
Nous sommes malades. Nous avons besoin de soins.
Mais le confinement, c’est la grande majorité des psychiatres libéraux, psychologues, CMPs, suivis hospitaliers à domicile ; en fait la quasi-totalité de nos structures de soin qui ferment. Les lignes téléphoniques (si l’on oublie, pour beaucoup, l’angoisse du téléphone) sont saturées ou suspendues, ou parfois justes tenues par des bénévoles sans formation professionnelle sur les sujets qui nous concernent. Le confinement, pour les malades psy, c’est être livré à soi-même, sans soin, sans suivi, parfois même sans traitement médicamenteux.
Les dépressifs sans barrière contre les idées noires.
Les anorexiques en face de la parfaite occasion de s’affamer.
Les addicts en sevrage forcé, avec donc des risques accrus de rechutes ou conduites compensatoires dangereuses.
Les suicidaires encore plus prompts à passer à l’acte.
les boulimiques devant gérer leurs crises seuls.
Les anxieux en proie aux crises de paniques, amplifiées par le contexte ultra anxiogène d’une pandémie.
Et tellement d’autres encore.
Nous sommes malades. Mais la société, soit ne nous considère pas comme tels (c’est dans la tête voyons, fais des efforts ! ), soit ne considère pas utile de nous donner accès à des soins. Symptomatique du capitalisme, ce phénomène validiste est terriblement destructeur et met des vies en danger.
Les services psychiatriques hospitaliers eux aussi sont surchargés, et bien que ce fut déjà le cas avant la pandémie, ils doivent à présent gérer l’afflux des patients atteints du COVID-19. Le tri de ceux qui vivront et ceux qui mourront a déjà commencé. Les lits de réanimation sont en nombre insuffisants. Les plus âgés, dans un premier temps, ne sont d’ores et déjà plus prioritaires pour les respirateurs. La même chose est à craindre pour les malades mentaux. “Les malades mentaux passeront en dernier. Entre une personne saine d’esprit et un fou, vous prenez qui ? “, confie avec tristesse le psychiatre Mathieu Ballahsen, chef de pôle à l’hôpital spécialisé Roger Prévôt à Asnières-sur-seine (source : France 3 Centre-Val-de-Loire)
Du point de vue capitaliste, un “malade mental”, c’est des coûts, des aides à verser, des adaptations du travail (si tant est que la personne soit à même de travailler) ; pour le capitalisme, le malade mental est un frein au profit, comparé à une personne “saine”. Cette personne, sa vie, sera considérée comme ayant moins de valeur et sera placée à la fin de la liste d’attente.
Le fossé entre “fou” et “non-fou” devient encore plus visible en cette période de crise. Des aménagement, par exemple pour le télétravail (ou télécours) qui nous étaient auparavant si difficiles si ce n’est impossibles à obtenir, sont désormais généralisés  sans trop de difficultés. Nous sommes les grands délaissés médicaux de cette pandémie. Et si par malheur il advenait que nous étions pour certains EN PLUS précaires, il nous est d’autant plus évident que nous n’existons qu’à peine aux yeux d’une société préférant ses profits aux individus qui la composent.
Le système capitaliste nous prouve encore une fois qu’ils est fait par et pour une classe privilégiée au détriment des autres. La casse du service public, et dans ce cas précis des services psychiatriques, en est une preuve, l’abandon des personnes mentalement fragilisées, à risques et en difficulté en est une deuxième.
Parfois, c’est ce même capitalisme qui nous rends malade. Mais toujours, c’est lui qui nous maintiendra dans cette position.
Renverser le capitalisme, c’est assurer à chacun une chance.
Une chance de réussir, une chance de s’accomplir, une chance de guérir.
Renverser le capitalisme, c’est notre devoir à tous, et pour tous.
Publié par JC42 dans Non classé